FAUT-IL AVOIR PEUR DE LA DÉPÊCHE DU MIDI ?

vendredi 7 janvier 2011 dans Humeurs


Reprise d’un article publié sur Indymédia Toulouse.
Il concerne la Dépêche du Midi et les nanotechnologies.

Toulouse : Faut-il avoir peur de La Dépêche du Midi ?

Le mercredi 15 décembre 2010, dans l’auditorium du muséum d’histoire naturelle à Toulouse, La Dépêche du Midi, journal de démocratie, invitait le public à une conférence-débat animée par le professeur Alain Coste, chargé de mission par Sarkozy pour la recherche et le développement des nano-technologies à Toulouse. Ce scientifique est membre du comité de pilotage au collège des nano-sciences du plan "Nano Innov", mis en place par le gouvernement en 2009. Nano Innov prévoit le développement de trois "pôles d’excellences" Grenoble, Paris Saclay,Toulouse et il a pour objectif de "donner à l’industrie française les moyens de réussir le virage des nanotechnologies". Nano-carriériste, il est également directeur scientifique de la fondation InNaBioSanté, organisme privé financé par les laboratoires Fabre, GlaxoSmithKline..., par les entreprises Siémens, Total et consort..., reconnu d’utilité publique dont le but avoué est de définir, de promouvoir et de financer le développement de la recherche, et l’industrie dans le domaine de la santé (contre le cancer en particulier) en s’appuyant sur les biotechnologie, les infotechnologies, la radiothérapie et les nanotechnologies.

L’homme est désintéressé, il était supposé répondre à la question " Faut-il avoir peur des nano-technologies ?". "La dépêche" questionne donc sur d’éventuelles inquiétudes face aux nanos, étonnant ! A moins que la rédaction ne se soit emmêlée les pinceaux ? Certes, le journal a pour habitude de publier dans ses colonnes des faits plus alarmants les uns que les autres. Ses campagnes de terrorisation alimentent dans la population le sentiment de peur et d’insécurité si prisé des politiques de tous bords. Alors que quand il s’agit de promouvoir acceptabilité, business, innovation, recherche et industrie locale, les journalistes se veulent rassurants et même flatteurs. Il n’y a qu’a lire les articles traitant du nanomonde. Mais pourquoi invoquer la peur à côté de nouvelles technologies si prometteuses ? Il y a là une contradiction surprenante. Faudrait-il donc avoir peur ? Et de quoi ? Des dangers potentiels des nanos ? De la mise en marche de processus irréversibles ? De la société industrielle ? De la science ? D’une caste de scientifiques, de spécialistes, d’experts et de marchands qui encore une fois s’expriment en garant de la Vérité ? Du déni de démocratie présent y compris dans les orientations scientifiques, leurs applications et leurs retombées économiques ? Bref, le "public" n’attend pas forcément de réponse à vos supposées craintes.

Participer à vos débats pipos, à vos mascarades de conférences, à vos agissements c’est accepter le nano-monde. Ce jour là devant les grilles du musée, lieu public privatisé pour l’occasion, attendait un déploiement policier digne d’un état de siège. Périmètre "sécurisé", jardin public fermé, bacceux, robocops, sécurité privée, tous main dans la main avec les journalistes. Il faisait froid, très froid. Les bonnets et les écharpes pouvaient porter à confusion dans leurs nano-cervelles : public crédule ou terroristes potentiel ? Pour éviter l’amalgame, il fallait faire le tri. Fouille et prise d’identité au faciès s’imposaient afin d’interdire l’entrée à d’éventuels troubles-fête et de garantir la sérénité de la propagande. Il en fut ainsi, la conférence se fit devant une poignée de... sous bonne escorte policière évacuant les suspects qui n’avaient pas la bonne réponse à la question : Vous avez peur hein ? Exprimez-vous ! Nous avons les moyens de vous faire parler, en toute liberté ! Aujourd’hui une campagne nationale promeut les nano-technologie : pseudo-débats publics, conférences, articles divers dans les médias, manifestations scientifiques et culturelle... Elle vise à faire croire qu’un débat démocratique précède systématiquement les choix de nos gouvernements. "La Dépêche" apporte sa pierre à l’édifice. En matière de falsifications historiques et d’intoxications des lecteurs ; elle assure. Dans l’édition du 20 décembre après une manifestation contre la Loppsi II qui aurait dégénéré en affrontements avec la police (même cette info est fausse) le journal pose un autre question tout aussi pertinente : Faut-il interdire les manifestations le samedi ? Sans commentaire.

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