Réseau Education Sans Frontiéres

vendredi 22 juin 2007 , par hocine dans VIDEOS DE TV BRUITS


La lutte continue

Le RESF 31 soutient 140 familles en attente de régularisation.
Après une période de statu quo, la Préfecture de la Haute Garonne semble mettre les bouchées doubles depuis quelques jours.
4 enfants sont menacés d’expulsion et leurs familles en danger.
Arrêtés au petit matin il y a une semaine sur leurs lieux
d’hébergements, 3 familles ont été placées en rétention,
2 d’entre elles ont été éloignées de la ville et de leurs soutiens.
1 enfant est sa famille se trouvent toujours détenus.

Voir le film 3’38

Pour vous tenir informer et soutenir l’action RESF

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2 commentaires

  • Tribunal

    3 octobre 2007 10:24

    L’immeuble est de verre et d’acier. Les vitres teintées ne permettent
    pas aux regards de pénétrer à l’intérieur. C’est au coin d’une rue
    tranquille et d’un boulevard à la circulation automobile incessante de
    ce lundi après-midi. Un son sourd et permanent, un son du cœur de la
    ville. Et ce n’est pas le canal, de l’autre côté du fleuve des
    bagnoles, avec ses grands arbres qui le dominent et l’espace vert qui
    le longe qui peut donner à ce coin de trottoir le moindre espace de
    naturel.

    De la voiture banalisée qui vient se ranger, à quelques mètres, sortent

    des hommes en uniforme de la police. Ils en extraient un jeune noir,
    menotté, en tee-shirt jaune, très calme, et ils remontent, le long du
    trottoir sous les regards de la demi-douzaine de personnes qui
    attendait son arrivée. Quelques minutes plus tôt une femme noire avec
    un landau et 2 petites filles sont entrées dans l’immeuble.

    Nous les suivons. Nous en avons le droit. Les audiences de ce tribunal
    sont ouvertes au public puisque la loi y est rendue en son nom. Au fond

    d’un couloir un peu sombre il y a une salle plus large avec un banc sur

    le côté droit. L’homme au tee-shirt jaune accompagné de la femme et des

    deux gamines tient dans ses bras un bébé qui dort. Une avocate en robe
    noire lui parle doucement, elle lit le mince dossier et semble lui
    demander des renseignements. C’est un murmure. De chaque côté de la
    salle d’attente l’équipe en uniforme attend, les bras croisés,
    l’arrivée de la juge. Leur chef est un colosse. Il a la carrure d’un
    rugbyman. Je devine que c’est leur chef car il tient une sorte de
    talkie-walkie qui grésille, et puis c’est à lui que s’adresse la
    secrétaire. Notre équipe de témoins s’est dispersée. Nous ne nous
    connaissons pas et aucun d’entre nous n’est encore venu assister à ce
    cérémonial. Une large baie donne sur un patio étrange au sol de
    cailloux, ou un arbre mort tend ses bras vers un ciel trop lointain.
    Dans le silence de l’attente seul un distributeur de boissons et de
    friandise donne un peu de vie.

    La greffière, une petite femme ronde d’une cinquantaine d’années, au
    visage doux, l’air gentil, entre, par une autre porte, et annonce que
    l’audience est ouverte. Le tribunal c’est une grande salle plus large
    que longue où des bancs sont disposés en éventail face à un comptoir
    surélevé. Derrière c’est de nouveau ce patio vide et minéral et cet
    arbre sinistre. Une porte s’ouvre. La juge fait son entrée suivie de la

    greffière. Tout le monde se lève. Elle dit des mots rituels, cela va
    vite et je ne comprends pas alors je fais comme à la messe et j’imite
    mes voisins. Elle s’assoit. Le public aussi. Face à elle, mais en
    dessous, je ne vois que le dos de l’homme noir au tee-shirt jaune. Mais

    derrière lui les deux gamines, sur leur banc, tournent leurs regards de

    tous côtés. La grande, plus proche de lui, serre la main de l’homme
    dans son dos. La femme est assise un peu plus loin, dans la travée avec

    le landau et le bébé qui dort.

    Monsieur T contre la préfecture. La juge ennonce les faits. Monsieur T
    Guinéen, sans papiers, en instance d’expulsion, demande à la justice
    l’arrêt de la procédure engagée par la préfecture et sa libération du
    centre de rétention. La magistrate examine les papiers. Dans la salle
    il n’y a ni le préfet ni quelqu’un pour le représenter. Puis elle
    s’exclame : Il y à la une demande de l’Association de Protection de
    l’Enfance et de l’Adolescence, mais elle est irrecevable car elle n’est

    pas signée par le secrétaire de l’association et ne donne aucun grief
    contre la préfecture.
    Une jeune femme, assise à côté des enfants, se lève et dit :
    - Je suis présente.
    - Et bien je vous le dis votre demande est irrecevable !
    - Prévenu jeudi nous n’avons pas eu le temps matériel de faire signer
    cette lettre par notre secrétaire.
    - Ce n’est pas mon problème.

    Justement le bébé s’est réveillé et geint doucement. La mère le prend
    dans ses bras et se lève pour sortir. Elle est déjà à mi-chemin de la
    porte quand on entend la voix forte de la juge : - Il ne doit y avoir
    aucun bruit pendant l’audience ! Vous êtes prié de sortir. Les
    policiers s’écartent.

    Puis l’avocate a la parole. Elle bafouille un peu et lit le dossier.
    Monsieur T a un petit garçon d’un an, né en France, et s’occupe des
    deux petites sœurs de sa compagne, elle-même en situation régulière. Il

    n’a pas d’emploi mais la présence au domicile de Monsieur T permet à
    Madame D de travailler dans les horaires de la restauration. S’il est
    reconduit à la frontière c’est toute la famille qui va être en
    difficulté.

    La juge annonce qu’elle va délibérer et se lève. On se lève. On se
    rassoit. La femme noire revient avec le bébé. L’homme ne bouge pas mais

    il joue avec le bébé. Les flics papotent entre eux. Il y a un problème
    avec un autre étranger qui aurait dû être amené du centre de rétention,

    qui ne l’a pas été, qui va arriver, qui n’a même pas pu s’entretenir
    avec son avocate commis d’office. Celle-ci refuse d’assister à
    l’audience si on ne respecte pas au moins le droit des gens à voir un
    avocat. Tout à l’heure la juge lui a répondu : Ce n’est pas mon
    problème. J’entends la greffière qui entre dans la salle et lui dit que

    finalement, elle pourra avoir quelques minutes avec son client !

    La juge revient. On se lève. - La demande de Monsieur T est rejetée.
    L’avocate s’approche de la juge et lui dit quelque chose que je
    n’entends pas… Il est exact que je n’ai pas justifié ma décision, mais
    cela sera fait dans les 48 heures. Mes justifications seront présentées

    à Monsieur T au centre de rétention. Vous savez lire le français
    Monsieur ? Puis elle s’occupe de l’affaire suivante.

    Dans la salle d’attente une femme pleure, dit qu’elle est trop émotive,

    qu’elle nous demande de l’excuser. Le monsieur noir en tee-shirt jaune
    est avec sa femme et les enfants. L’avocate lui dit qu’elle va faire
    appel. Une étudiante du réseau des témoins nous souffle que l’appel
    n’est pas suspensif de la décision, qu’il sera peut-être jugé alors
    qu’il aura déjà été expulsé, que de toute façon quand il n’y a pas de
    représentant du préfet à l’audience c’est que la préfecture sait qu’ils

    n’auront rien à craindre, que c’est couru d’avance. Et puis qu’ils leur

    faut respecter les ordres du gouvernement et arriver à expulser 25 000
    sans papiers avant le 31 décembre, faire du chiffre !

    Moi je regarde ces deux petites filles, cette femme et son bébé, cet
    homme noir si digne, si calme, le grand baraqué au fond de la salle
    avec son équipe, et je me dis que si c’est ça la justice, et qu’elle se

    fait soi disant en notre nom, nous devrions être un peu plus nombreux à

    la regarder faire, bien droit dans les yeux. Au moins la regarder
    faire, lui signifier que nous sommes témoins et que nous aurons de la
    mémoire.

    La nuit venue, en face de ce grand bâtiment de verre et d’acier, dans
    le petit espace vert qui longe le canal, il y a des femmes noires qui
    hèlent des types dans les bagnoles et qui leur taillent des pipes dans
    les bosquets. Elles sont Ghanéennes m’as-t’on dit. Elles se prostituent

    pour rembourser leur voyage aux réseaux de maquereaux qui vendent de la

    viande ou de la drogue.

    Mais la juge s’en fout.

    La nuit, elle dort.

    Caillou le 3 octobre 2007
    http://cailloutendre.unblog.net/?p=137

    Obtenir des informations, avec le Réseau Éducation Sans Frontières sur

    http://www.truc.abri.org/-resf31-

    Répondre

  • Le 16 octobre prochain , le Réseau Education Sans Frontières recevra au Parlement européen, un prix de l’association Solidar, une alliance internationale de syndicats et d’organisations non gouvernementales, qui décerne chaque année cinq prix pour récompenser « les contributions exceptionnelles d’individus et d’organisations pro-actives dans le combat pour la justice sociale, et qui consacrent leur travail à l’avènement d’une société plus juste et plus équitable. ».

    Le Silver Rose Award, remis à RESF dans la catégorie « Social et éducation », est à la fois une reconnaissance de l’action du réseau qui rassemble plus de 150 organisations et des milliers de citoyens unis dans le soutien aux enfants scolarisés et leur famille mais également un encouragement à poursuivre la lutte dans un contexte qui s’est considérablement durci.

    Pour atteindre les “quotas” d’expulsés avant le 31 décembre, le Ministère de l’Immigration et de … exige ces derniers jours de l’administration française de franchir un cap intolérable : les forces de police se présentent à l’aube au domicile de lycéennes, des adolescents sont convoqués dans des commissariats et des gendarmeries pour y être arrêtés, tandis que les convocations pièges des préfectures, redeviennent monnaie courante, bien qu’elles soient illégales.

    Début septembre, les Préfets (sur ordres du Ministre) n’ont pas hésité à envoyer une lettre d’intimidation aux Maires qui avaient organisé des parrainages, pour les menacer de poursuites pénales pour “aide au séjour irrégulier”.

    Le rôle « d’accompagnement jusqu’au séjour régulier » de RESF est plus que jamais indispensable face à cette logique systématique du chiffre et à une traque aux sans papiers généralisée totalement inhumaine et contraire aux droits fondamentaux des familles, des jeunes majeurs scolarisés, et des citoyens qui les soutiennent.

    C’est donc un formidable encouragement pour RESF d’être distingué au cours de cet événement très attendu au Parlement, qui rassemble de nombreux décideurs, ONG et personnalités engagées pour la défense des droits de l’homme.

    Florimond Guimard, professeur des écoles à Marseille, recevra le prix au nom du réseau car son action et les poursuites pénales dont il fait l’objet sont emblématiques de la répression que subissent des citoyens qui ne font qu’exercer leur devoir de solidarité envers les sans-droits que sont les personnes sans-papiers.

    Florimond passera en procès le 22 octobre devant le tribunal correctionnel d’Aix en Provence pour avoir manifesté avec 200 autres militants à l’appel du Réseau Education Sans Frontières à l’aéroport de Marignane, le 11 novembre 2006, afin de s’opposer pacifiquement à l’expulsion d’un père de famille sans papiers de son école. Il risque 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende devant la justice française pour les faits mêmes pour lesquels un prix international lui sera remis.

    Le RESF remercie le jury du prix Silver Rose de cette distinction à laquelle il attache le plus grand prix. Pour l’hommage rendu à l’action des milliers d’anonymes qui, au jour le jour, agissent, manifestent, parfois prennent des risques pour que l’inacceptable ne se produise pas. Mais aussi parce qu’il est conscient de la nécessité de placer les agissements du gouvernement français sous le regard de l’opinion internationale pour freiner ses atteintes aux droits de l’Homme.

    Ce prix donne encore plus de force à RESF pour mobiliser les citoyens, les élus et les organisations révoltés par une politique de l’immigration liberticide.

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