ENVAHISSEMENT DE LA RÉDACTION DE LA DÉPÊCHE

mercredi 27 avril 2016 dans Médias du tiers secteur


Le Samedi 23 Avril, dans la continuité des actions menées depuis le début des vacances scolaires pour faire vivre la mobilisation contre la loi Travail, des étudiant-e-s mobilisé-e-s du Mirail ainsi que des salarié-e-s ont décidé d’envahir la rédaction du journal La Dépêche. L’action avait pour objectif principal de dénoncer le contrôle de la presse par le pouvoir qu’il soit politique ou économique. Une action qui répondait à l’appel de Nuit Debout pour faire du 23 avril une journée de « séparation du MEDEF et de l’état ». Au passage, les personnes ayant participé à l’action ont signifié de façon direct le ras-le-bol vis-à-vis de la couverture médiatique de leur mouvement. Dur d’énerver un groupe qui ne se fait plus aucune illusions sur la pertinence des médias, et pourtant ils y sont parvenus que ce soit en se focalisant uniquement sur les actions des « casseurs » ou en minimisant l’ampleur du mouvement étudiant.

Bien que l’ensemble des « médias dominants » soit visés par cette critique, le choix du journal La Dépêche n’est pas anodin. En effet l’action visait premièrement à dénoncer le conflit d’intérêt qu’il existe au sein de la direction du journal, son principal actionnaire étant Jean-Michel Baylet, actuellement ministre au sein du gouvernement qui souhaite faire passer la loi travail. La directrice générale du groupe est la femme de Laurent Fabius et les autres membres du conseil d’administration sont au PRG (parti radical de gauche), groupe politique qui gouverne avec le PS ou chef de grandes entreprises comme Pierre-Yves Revol (groupe Fabre). C’est donc un journal au cœur de lien état/entreprise. De plus l’envahissement des locaux répondait directement à certains articles de La Dépêche décrédibilisant le mouvement étudiant comme expliqué précédemment.

Vers 11h30 c’est donc une cinquantaine de personnes qui se sont introduit au sein de la rédaction bien accueillis par certains personnels dégoûtés par la politique de leur entreprise (qui au passage licencie 354 personnes en ce moment). Le groupe a pu brièvement s’entretenir avec le rédacteur en chef adjoint et faire passer un communiqué répondant à l’article titrant « Le mouvement étudiant s’essouffle » (http://www.ladepeche.fr/article/2016/04/15/2325575-loi-travail-le-mouvement-etudiant-s-essouffle.html), article annonçant au passage des chiffres même inférieurs à ceux de la préfecture… Le communiqué mettait en avant qu’il y avait toujours un appel à la grève pour le 28 avril et que cette grève doit déboucher sur des assemblées générales dans chaque entreprise pour poser la question de la grève reconductible jusqu’au retrait total de la loi Travail. Ce communiqué n’a pas été diffusé dans l’édition du dimanche comme l’avançait le rédacteur en chef adjoint.
Alors que le secteur de l’information est devenu un secteur marchand comme un autre, il semble primordial de rappeler aux journalistes qu’ils se doivent de faire passer l’information avant le marketing. Ce type d’action met en lumière l’exigence d’une presse libre et indépendante du pouvoir, cette exigence est notamment portée par la jeunesse qui vérifie, en ces temps de mobilisation, à quel point nous en sommes loin.

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